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Devenir vétérinaire en France : comprendre un métier en mutation

Le métier vétérinaire d’aujourd’hui et de demain

Le parcours sélectif pour devenir vétérinaire en France, accessible après deux ans de prépas BCPST et un concours exigeant pour entrer dans les écoles vétérinaires.

Une formation exigeante et une vocation en tension

Le parcours pour devenir vétérinaire en France est parmi les plus sélectifs du système éducatif. Accessible principalement après deux années de classes préparatoires (BCPST), le concours d’entrée dans l’une des quatre écoles nationales vétérinaires (Alfort, Lyon, Toulouse, Nantes) demande une rigueur scientifique exceptionnelle et une solide motivation.

Mais au-delà de l’excellence académique, c’est un engagement personnel et moral fort qui s’impose dès les premiers jours de formation. Le contact avec les animaux, la responsabilité liée au vivant, la gestion des émotions, des décisions éthiques et parfois économiques, façonnent une posture professionnelle bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Pourtant, le métier peine à recruter. Environ 15 % des postes restent vacants chaque année, notamment en zones rurales. Le phénomène est encore plus marqué dans les filières de production animale et en médecine mixte. Plusieurs raisons expliquent ce paradoxe : des horaires contraignants, un équilibre vie pro / vie perso difficile à maintenir, et un sentiment d’isolement croissant pour les praticiens de terrain.

Face à ces tensions, la formation vétérinaire commence à s’ouvrir à d’autres profils, d’autres parcours, et d’autres modalités pédagogiques, comme l’intégration croissante de la simulation, du tutorat, ou encore la valorisation de l’approche interdisciplinaire (éthologie, écologie, santé publique). Une évolution que nous observons de près, car elle redéfinit déjà la place du vétérinaire dans la société.

Le métier de vétérinaire, alliant excellence académique et engagement moral, fait face à un manque de recrues, notamment en zones rurales et en médecine animale, malgré l'évolution de la formation.

Une profession plurielle aux visages multiples

Longtemps cantonnée dans l’imaginaire collectif à la figure du « vétérinaire de campagne », la profession s’est considérablement diversifiée. Aujourd’hui, un vétérinaire peut exercer en clinique pour animaux de compagnie, en milieu rural auprès d’élevages, dans les laboratoires de recherche, les entreprises agroalimentaires, les ONG, les institutions publiques ou encore en santé publique vétérinaire.

Cette pluralité d’exercices crée des passerelles inédites entre les disciplines. Un vétérinaire de faune sauvage peut collaborer avec des écologues. Une vétérinaire en hygiène alimentaire peut intervenir sur des politiques de prévention sanitaire à l’échelle régionale. Un praticien peut se former à la gestion de crise en épidémiologie vétérinaire.

Mais cette richesse s’accompagne aussi de défis organisationnels et humains. Le taux d’abandon dans les premières années de pratique reste élevé. Beaucoup évoquent un sentiment de solitude, d’absence de reconnaissance, ou un épuisement lié à la surcharge émotionnelle du soin. Il ne suffit plus d’aimer les animaux pour durer dans ce métier.

C’est pourquoi nous portons l’idée qu’il faut mieux accompagner la pluralité des trajectoires vétérinaires. Cela passe par la valorisation de toutes les formes d’exercice, la mise en réseau des praticiens, et le renforcement d’outils de prévention psychosociale, qui doivent devenir des standards et non des solutions ponctuelles.

Le vétérinaire d’aujourd’hui, bien au-delà de la campagne, exerce aussi dans les ONG, les réserves à l’étranger et divers secteurs comme la recherche ou la santé publique.

Des enjeux sociétaux majeurs à relever

Le vétérinaire est aujourd’hui au cœur de plusieurs problématiques de société majeures. Santé publique, sécurité alimentaire, bien-être animal, biodiversité, zoonoses, climat : autant de sujets qui mobilisent nos compétences et exigent une prise de position claire, éthique et souvent interdisciplinaire.

La crise de la COVID-19 a remis en lumière la pertinence du concept « One Health » : une seule santé, humaine, animale, environnementale. C’est une vision que nous défendons. Elle implique que les vétérinaires prennent toute leur place dans les politiques de santé globale, aux côtés des médecins, pharmaciens, biologistes, agronomes et environnementalistes.

Mais pour cela, encore faut-il que la parole vétérinaire soit entendue, reconnue et mobilisée. Trop souvent, notre expertise est reléguée à des fonctions techniques. Pourtant, qui mieux que le vétérinaire connaît la complexité des liens entre espèces, la transmission des agents pathogènes, ou les effets du changement climatique sur les écosystèmes agricoles ?

Nous croyons que le métier doit affirmer davantage son rôle sociétal. Cela suppose une prise de conscience collective, mais aussi une formation initiale et continue adaptée à ces nouveaux défis, avec un socle solide en communication, médiation, éthique et sciences humaines.

La crise de la COVID-19 a renforcé l'importance du concept « One Health », où les vétérinaires participent aux politiques de santé globale aux côtés des autres professionnels de santé.

Vers une profession plus durable et plus humaine

Enfin, le cœur de notre engagement repose sur une idée simple : le métier vétérinaire doit devenir plus durable. Cela signifie durable écologiquement, mais aussi durable humainement. Le taux de burn-out dans la profession est préoccupant, les arrêts pour dépression en hausse, et les vocations trop souvent freinées par la peur d’un sacrifice personnel.

Il est temps d’ouvrir le débat sur les modèles économiques des structures vétérinaires, sur le rapport au soin, à la clientèle, et à la rentabilité. La médecine vétérinaire ne peut se résumer à un équilibre financier. Elle est un service au vivant, et elle mérite des conditions d’exercice à la hauteur de cet engagement.

Nous pensons que cela passera par des formes nouvelles de coopération entre professionnels, par l’innovation dans les modes d’organisation, et par un dialogue renforcé entre les acteurs de la filière (écoles, syndicats, pouvoirs publics, usagers). Les vétérinaires ne peuvent plus être seuls face à leurs responsabilités.

En tant que collectif, nous croyons à la force de l’intelligence collective, à la circulation des savoirs, à la légitimité des terrains. *VetFuturs France en Action* est un espace pour rendre visibles ces évolutions, pour questionner ce qui doit l’être, et pour construire, pas à pas, une profession plus alignée avec les enjeux de notre temps.

L'engagement vétérinaire doit devenir plus durable, écologiquement et humainement, en révisant les modèles économiques et en préservant le bien-être des professionnels face au burn-out et à la pression.